lundi 27 janvier 2020

Le mode d’emploi TDA/H



Le mode d’emploi TDA(H)

Comprendre et aider un jeune avec un trouble du déficit de l’attention

Écrit par Rachel Ouellet
Voici un petit mode d’emploi avec explications sur le TDA(H) que j’ai rédigé pour certains de mes clients qui ont ce profil. Je trouvais intéressant de le partager aujourd’hui pour sensibiliser les gens qui soutiennent ces beaux cocos et les guider positivement dans l’intervention avec eux au quotidien. Toutes les recommandations ne sont pas à prendre au pied de la lettre, mais elles pourraient vous guider dans la mise en place d’outils et de stratégies à personnaliser pour favoriser leur bon fonctionnement au quotidien.

Pour l’agitation et l’excitation

  • Observez l’enfant et prenez conscience de son seuil de « non-retour ».
  • Invitez-le à prendre une pause calmante en lui expliquant que le seul but est le retour au calme (avant qu’il atteigne le seuil de non-retour). Le jeune ne doit pas voir cela comme une punition mais comme un privilège positif pour se recentrer.
  • Prendre une pause calmante loin des stimuli aide beaucoup. La seule exigence est le retour au calme.
  • Laissez-lui faire ses comportements sans intervenir s’ils sont acceptables (ex: parler à haute voix, faire des bruits de bouche, manipuler, papillonner dans la pièce…).
  • Laissez-le bouger ou prendre des positions alternatives (ex : écrire debout ou couché sur un matelas, aller faire des « commissions » au secrétariat, faire trois fois le tour du corridor de l’école ou sauter sur le trampoline à la maison).

Notez que l’agitation motrice chez le jeune TDAH n’est pas un surplus d’énergie, mais plutôt un signe important de fatigue. Plus la personne TDAH est fatiguée et moins disponible, plus elle est agitée et impulsive. Moins elle est capable de traiter ce qui est demandé. Contrairement à ce que nous pouvons penser, c’est une pause relaxante et/ ou des exigences qu’ils ont besoin et non d’ajouter à la surcharge en donnant encore plus de consignes et d’encadrement.

Pour les comportements inadéquats

  • Soyez patients et dites-vous que perdre le contrôle, fait partie des défis de leur TDA(H). Les comportements ne sont pas le reflet de sa personnalité ou de son éducation, mais de ses particularités et défis neurologiques.
  • Attention de ne pas trop exiger de l’enfant. Lorsque le problème revient fréquemment, c’est parce que les défis de l’enfant sont présents et nous devons alors adapter la situation (ex: penser pour lui, l’aider à se mettre en action, faire une pause préventive, ajouter du soutien visuel…).
  • Attendre le retour au calme en donnant la chance de pouvoir réparer son comportement par la suite est souvent plus gagnant.
  • Avertir clairement des conséquences s’il poursuit et l’orienter dans le comportement souhaité.
  • Expliquez doucement les comportements attendus en prévention à l’enfant avant même d’être dans la situation.
  • Encouragez davantage les bons comportements plutôt que de mettre constamment les mauvais en évidence.
  • Rester calme et éviter de crier. Dirigez-le dans l’action.
  • Pensez aux comportements du jeune et établissez des conséquences logiques à l’avance. Il s’excite et mange mal, faites-lui ramasser plutôt que de le punir à la maison ou de le retirer du groupe par exemple.

Pour les oublis

  • Préparez les choses la veille ou à l’avance avec lui. Pas de dernière minute.
  • Soyez original dans les solutions (ex: Liste des cahiers à apporter à la maison collée à l’intérieur de son pupitre pour qu’il la voit en faisant son sac, installer un banc où il range ses mitaines et tuque en tout temps…).
  • Apprenez au jeune à toujours placer les choses à la même place (ex : son bac à lui à l’entrée…).
  • Lui faire prendre ses choses dans un ordre précis dans la routine va finir par lui entrer dans la tête. Un petit pense-bête en pictogramme peut aider (Voir dans les outils visuels de la page Facebook).
  • Aide-mémoires, pictogrammes, bacs à rangements ou petites listes en point de forme peuvent assurément aider.
  • Simplifiez, simplifiez… Enlever toute chose qui n’est pas nécessaire.

Pour l’attention

  • Enlevez le plus possible les stimuli (ex: À la maison, TV allumée, le chien qui vient licher sous la table, la petite sœur, un jouet qui traîne…). Au lieu de répéter de ne pas toucher à …,  ou de laisser faire le chien, enlevez-les en silence. Pas besoin de crier.
  • Sortir une chose à la fois plutôt que tout étendre sur la table.
  • Donnez une consigne à la fois.
  • Donnez directement la consigne devant l’enfant.
  • Donnez du renforcement positif. Celui-ci peut même être utilisé pour donner la consigne (ex : Bravo mon grand de bien faire ton sac!).
  • Utiliser un pointeur, un surligneur, enlever les informations inutiles, faire une petite liste des étapes à faire…
  • Consignes courtes, simples et claires! Une à la fois.
  • Choisissez vos moments. Parfois l’attention n’est juste plus possible.
Cet aspect est important à garder en tête. Le déficit d’attention est le point en commun de toute personne TDA-TDAH enfant ou adulte. Il est le critère numéro un du diagnostic. Parfois l’attention n’est juste plus possible. Malgré tout le bon vouloir du jeune, « son cerveau ne répond plus ». Pour les enseignants, si vous observez que l’enfant est très peu attentif pendant la journée, il le sera encore moins une fois à la maison. Il est donc très difficile pour les parents de pouvoir récupérer le travail non-fait par exemple. Il est donc important que des ajustements entre vous puissent être discutés (ex : Abandonner un exercice partiellement fait car le jeune comprend bien cette matière de toute façon ou lui permettre de le compléter pendant la fin de semaine…)

*Je recommande de ne jamais utiliser les périodes comme la récréation par exemple pour les terminer ou comme punition. Ce sont les seuls moments où l’enfant peut être libre de ses mouvements, réoxygéner son cerveau (favoriser l’attention) et ne plus avoir à répondre à des exigences cognitives. De plus, l’enfant voit cela comme une punition pour quelque chose qu’il a peu de contrôle, soit son niveau d’attention cognitive.

De même pour les parents, évitez de couper les privilèges gagnés à la maison pour punir des comportements à l’école. Si la situation a été traitée à l’école, faire un retour sur la situation et discutez des conséquences qu’il a vécues à l’école. L’enfant ne doit toutefois pas être doublement punit.

Pour l’organisation

  • Rendez les choses ergonomiques-épurées dans la maison et en classe.
  • Organisez un rangement adéquat et simpliste. Adapté au besoin (ex : petits classeurs avec images – voir exemple sur la page Facebook).
  • Diminuez les objets inutiles.
  • Placez les choses aux endroits où l’enfant en a besoin.
  • Aidez-le à penser, mais ne faites pas pour lui.
  • Apprenez avec patience et plaisir à votre enfant à faire des tâches ménagères à la maison pour lui apprendre à respecter, à comprendre son environnement et à l’organiser. Cela peut être aussi intéressant pour canaliser une énergie trop intense à l’école, comme en rendant service en allant chercher les bacs de récupérations de classe en classe.
  • Chacun son crochet, son bac, son endroit pour les bottes…
  • Un cartable pour tous les devoirs, un coffre à crayon tout équipé à la maison.
  • Faites-lui faire sa propre liste la veille de ce qu’il a besoin.
  • Lui faire faire des recettes en cuisine aide à apprendre à s’organiser. Lui faire nommer ce qu’il a besoin avant de commencer une tâche pour se préparer pour une journée à la piscine lui apprend à penser.  Apprenez-lui à réfléchir et à s’organiser, une étape à la fois.

Pour l’opposition-provocation

  • Vous voulez nourrir le monstre de l’opposition ?!? Argumentez avec lui, vous en aurez pour des heures de plaisir! (Voir l’article du blog Lorsque son enfant TDA(H) se transforme en Hulk)
  • Ne jamais réagir par un échange d’insultes ou d’argumentation
  • Gardez vos limites et soyez cohérent
  • Un retour au calme est l’unique solution efficace en crise (voir l’article)
  • Attendez que la tempête passe. Il n’y a rien d’autre à faire que d’attendre le calme. Si votre enfant accepte, vous pouvez l’aider à le faire.
  • Faire un retour positif sur la situation une fois calmes tous les deux. Aidez votre enfant à réparer son geste s’il y a lieu.
  • Dites-lui le comportement attendu et encouragez sa bonne conduite.
  • Stimulez-le avec une phrase de motivation positive (ex: « Tu es un garçon intelligent. Je sais que tu peux prendre la bonne décision »).

Pour la prévention

  • Donnez vos consignes d’une façon que l’enfant puisse vraiment les traiter (courtes, concrètes, claires et une à la fois).
  • Si la vie devient difficile, testez la médication. La médication TDA(H) peut s’arrêter n’importe quand et sans effet de sevrage. L’estime de soi est plus difficile à reconstruire.
  • Soyez prêts! En tant que parents, vous êtes dorénavant le porteur des besoins TDAH de votre enfant tout au long de sa scolarité.
  • Parlez au « Je » et dites clairement ce que vous voulez à votre enfant plutôt que de commenter ses comportements négativement. S’il sent que vous êtes découragé(e) de lui et prévoyez le pire avant même qu’il se mette en action, il commence déjà perdant.
  • Donnez du pouvoir au jeune en lui faisant prendre certaines décisions, pour qu’il développe son autonomie, pour qu’il assume ses erreurs.
  • Enseignez-lui d’ailleurs que l’erreur est une étape normale et essentielle pour tout le monde. Qu’elle est celle qu’on retient le plus dans tout apprentissage. Elle permet d’apprendre et de se développer. 80% des apprentissages se font par des erreurs qu’on apprend à ajuster au fur et à mesure.
  • Accompagnez l’enfant à gérer positivement son « trop plein » plutôt que par la punition. L’outil le Thermomètre de la disponibilité est bien intéressant à utiliser (à voir dans les outils de la page Facebook)

Pour protéger l’estime de soi

  • Évitez d’intervenir en tout temps. Si ce n’est pas grave, on laisse faire.
  • Mettez surtout l’emphase sur les bons moments et les bons comportements. Dédramatisez les moins bons moments (ex : C’est vrai que tu étais très excité aujourd’hui, mais hier tu as eu une super belle journée. Un vrai champion! On ne peut pas être parfais en tout temps.)
  • Évitez toute remarque péjorative (ex: Tu es vraiment fatigant VS Tu as besoin d’aller te calmer mon chéri).
  • Soulignez les efforts et les progrès. N’oubliez pas tous les efforts que cela lui demande pour y parvenir.
  • Ne faites pas que punir. Faites des retours sur la situation en parlant des faits et non en lui faisant prendre tout le blâme. Avouez aussi vos erreurs ou celles des autres si tel est le cas. Il n’a pas à porter tout le blâme!
  • Parlez de l’importance d’apprendre des situations que l’enfant vit, des progrès que vous observez.
  • Trouvez ses forces et mettez-le dans l’action. Trouver les activités où l’enfant performe.
  • Donner beaucoup d’amour !!!
Notez qu’un enfant TDAH se fait avertir et punir environ 10 fois plus souvent que l’enfant typique. Leur estime de soi est alors beaucoup plus fragile que les autres enfants. Aussi, passer à travers de ses journées lui demande en moyenne deux fois plus d’énergie que les autres. Il est souvent très fatigué même si ses comportements portent à croire qu’il a trop d’énergie.
Lui faire faire une quantité phénoménale d’exercices physiques pour atténuer les comportements d’agitation fera en sorte effectivement de les diminuer. Toutefois, ce sera parce qu’il s’est rendu à l’épuisement et non parce que ça lui a fait du bien. L’exercice physique est recommandé pour un enfant TDAH en quantité normale comme tout autre enfant. Peut-être davantage s’il a un grand intérêt.
Aussi, il est presque impossible pour eux de ne pas manipuler. Manipuler et bouger adéquatement favorise l’attention (ex : collier mâchouilleur ou « bonhomme jaune »). Toutefois, évitez des objets qui se séparent comme les Tangles ou trop stimulants comme les balles lumineuses. Ces objets peuvent être toutefois utilisés dans les périodes de retour au calme ou lors de la pause par exemple.
L’enfant TDAH peut utiliser plusieurs stratégies et comportements (+/-) pour réussir à faire ce qu’on lui demande, ou pour exprimer ses besoins ou ses surcharges par exemple. Mieux vaut un comportement négatif qui répond quand même au besoin de vider son « trop plein », que de garder une surcharge et une anxiété trop grande qui prend toute la place. Évidemment plus ils grandissent, plus ils développent des moyens pour y parvenir positivement. Cela prend toutefois de l’aide, de la patience, de la maturité, de l’amour et du temps.  
Le chemin est beaucoup plus complexe et laborieux dans leur tête. Uniquement réfléchir correctement, dans le sens de pouvoir comprendre, apprendre et faire ce qu’il doit faire, fait en sorte de dépenser une plus grande quantité d’énergie.

Outils et moyens qui peuvent être utiles

  • Utilisation du Time Timer pour structurer le temps au besoin ou faire une séquence écrite (ex : 1. Tu fais… 2. Tu fais…)
  • Lézard lourd en classe ou couverture-oreiller pesante à la maison
  • Chewy ou collier mâchouilleur
  • Disco Sit ou chaise mobile *Attention toutefois, cela peut devenir exigent physiquement car elles travaillent les abdos et le dos. Expliquer à l’enfant qu’il peut reprendre en tout temps sa chaise normale au besoin.
  • Chaise rebond (Élastique accroché au pied de la chaise qui est moins compliqué qu’un pédalier)
  • Objets à manipuler selon les situations : Objet très discret pour l’écoute en classe et objet plus « complexe » mais intéressant pour le retour au calme. (Voir les exemples dans les images du Facebook)
  • Hamac ou balançoire suspendue aident beaucoup pour le retour au calme ou faire faire les leçons par exemple. L’effet de balancement aide beaucoup au retour au calme. Mais la personne doit pouvoir déposer complètement son corps, donc la balançoire traditionnelle est peu intéressante pour l’objectif de retour au calme.
Et petit mot de la fin….

« Si tous les chemins mènent à Rome », et en prendre un seul est efficace, l’enfant TDAH lui tentera de les prendre tous et pourra s’y perdre en cours de route! À nous de lui montrer les chemins les plus prometteurs!


lundi 13 janvier 2020

Intimidation

Quand l’intimidation subie fait prendre conscience de notre différence

Posté le 08/03/2017
Trouble du spectre de l'autisme (TSA) - Quand l'intimidation nous fait prendre conscience de sa différence - intimidation enfant, adolescent et adulte autiste
Trouble du spectre de l'autisme (TSA) - Quand l'intimidation nous fait prendre conscience de sa différence - intimidation enfant, adolescent et adulte autiste
Personnellement, je suis convaincue que la reconnaissance de sa différence passe systématiquement dans le regard que les autres posent sur nous.
Victime d’intimidation dès son entrée au primaire, je constate que mon fils n’arrive pas à se faire des amis ni à tisser des liens durables. Ça me bise le cœur autant que ça m’inquiète. En le regardant, bien malgré moi, je mets en parallèle sa vie et la mienne.
Autiste de typer Asperger, il a réalisé sa différence depuis quelque temps déjà ; au moment où il est entré sans s’en rendre compte dans ce « processus d’intimidation » que nous essayons de briser. Et croyez-moi, c’est difficile. En autisme, il y a tant de sensibilisation à faire, tant de renseignements à donner et malheureusement, l’ouverture est loin d’être toujours au rendez-vous.
Lorsque je regarde ma fille, qui doit composer avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA) demandant un niveau de soutien allant jusqu’à très important, je suis émerveillée de voir à quel point elle réussit à se faire aimer de chaque personne qui croisent sa route. Elle est d’un naturel attachant, sans aucune conscience de sa différente. Pourtant, elle fait des crises, se désorganise, s’automutile. Même ces comportements ne semblent pas impressionner ses camarades.
Mais je dois avouer que j’ai peur de ce jour où une personne lui fera prendre conscience de sa différence.

Le moment où moi, j’ai pris conscience de ma différence

Aussi clairement que s’il avait été hier, je me souviens du jour où j’ai pris conscience que j’étais différente. Les événements sont gravés dans ma mémoire.
J’avais 8 ans. J’étais en troisième année du primaire. Les années précédentes, j’avais passé pratiquement tout mon temps de récréation à marcher à côté de l’enseignante surveillante ou assise seule sur le rebord d’une fenêtre. Je jouais rarement avec les autres enfants. J’observais, trop timide pour déranger. Mais surtout, j’essayais de comprendre un monde qui m’échappait un peu plus chaque jour.
À peine quelques semaines s’étaient écoulées depuis le début des classes. Un court répit avant que je devienne la cible de mes camarades.

Des petits noms

Des petits noms « sans conséquence » au départ. Leur favori, et il l’est resté de nombreuses années, a été celui de pou. Vous savez, ces petits insectes indésirables qui s’accrochent à vos cheveux sans que vous les ayez invités ?
Je voulais tellement avoir des amis. J’en avais assez d’être seule dans mon coin. Alors je me suis intégrée à leurs jeux… trop souvent mesquins.
Dans l’un d’eux, une espèce d’interprétation du jeu du chat et de la souris, j’étais le chat… ou plutôt le pou. Les autres enfants devaient se sauver pour ne pas attraper de pou. Je jouais. Je souriais. Encore trop naïve pour m’apercevoir qu’on se moquait de moi.
L’année suivante, a été cette où j’ai réalisé que quelque chose « clochait peut-être chez moi ». C’était lors d’une récréation, lors de l’un de leurs nombreux jeux, où encore une fois, j’étais la cible. Le jeu du fermier dans son pré.
Le fermier prend sa femme… la femme prend son enfant… La femme prend sa nourrice… La nourrice prend le chat… Le chat prend la souris… La souris prend l’fromage… Le fromage est battu.

 

Des surnoms qui se transforment en coups

Comme toutes les fois, le fromage c’était moi. Mais ce matin-là, les tapes amicales dans le dos que devait subir le fromage se sont changés en coups dans le dos. Le jeu terminé, j’avais mal au dos et j’avais le cœur gros… mais je n’ai rien dit. Dans les faits, je n’ai rien dit pendant huit longues années.
J’ai gardé le silence malgré que les autres enfants étaient de plus en plus méchants et que la peur s’était installée en moi. Sur le chemin du retour de l’école à la maison, on me bousculait, on menaçait de me battre.

« Je vais te péter la gueule »

Si je n’ai rien compris de ce que j’avais fait pour mériter un tel traitement, j’avoue aujourd’hui que je ne le comprends pas davantage. Je n’avais rien fait. J’étais juste différente.
Pourtant, pendant de nombreuses années, je me suis demandée si ce n’était pas moi le problème et si je n’étais pas moche, stupide ou dégueulasse. Parce que le surnom de pou lui, avait fini par se transformer en grosse connegrosse salope et grosse vache.
À celui-ci on avait aussi ajouté les insultes. Les « tu pues », » tu t’habilles mal », « t’as l’air folle » ont fait partie de mon quotidien pendant si longtemps que j’ai fini par croire que c’était le cas.

Un passé qui laisse des traces

L’intimidation, ça laisse des traces. Et aujourd’hui, à 42 ans, si les marques des coups physiques ont disparu, celles du cœur sont encore bien présentes.
L’intimidation a détruit ma confiance en moi. Une confiance, ça se rebâtit. Merci la vie ! J’y arrive peu à peu. Mais à cause de cela, j’ai toléré des relations abusives qui ont nui longtemps à mon épanouissement. J’ai même, à certains moments, mis ma vie en danger. Parce que pendant longtemps, on a réussi à me faire croire que je ne méritais pas d’être aimée et respectée.
J’espère pouvoir protéger mes enfants le plus possible de ce fléau. J’espère que bientôt, plus personne ne tolérera ce genre de comportement dans nos écoles. Mais tant que l’on continuera de donner le droit à des adultes cachés derrière un clavier d’avoir de tels comportements sur les réseaux sociaux, j’ai peu d’espoir que l’on arrive à éradiquer l’intimidation.
Un adulte ne devrait-il pas donner l’exemple ?



Un texte de Aube Labbé
Éditrice, rédactrice, blogueuse et autiste Asperger

Mais surtout...
Maman d'un petite fille autiste de 7 ans
Maman d'un petit garçon autiste Asperger de 9 ans