lundi 20 avril 2020

La ponctuation

Les grammaires disent l’essentiel, indiquent la valeur du point, du point et virgule, des deux points, des points de suspension, de la virgule, des guillemets, des parenthèses, et peut-être même des crochets. 

Mais en poésie et en prose littéraire ces signes, tout aussi bien que les mots, 
sont soumis à l’arbitraire de l’écrivain.

lundi 13 avril 2020

Le thermomètre de la disponibilité


Le thermomètre de la disponibilité

Apprendre à gérer nos émotions et notre disponibilité cognitive

Écrit par Rachel Ouellet
Voici un outil que j’utilise régulièrement pour faire l’apprentissage de l’autorégulation aux jeunes TSA et TDAH.
L’autorégulation est quelque chose qui s’apprend. Elle s’acquiert avec la maturité cognitive par les expériences vécues au quotidien, par le développement de l’introspection et par le soutien des autres lorsque nous en avons besoin. Pour mieux comprendre, voici quelques petites définitions.

Qu’est-ce que l’autorégulation?

L’autorégulation physiologique est la capacité de gérer les réponses fournies par le système nerveux ayant une influence sur le niveau d’énergie, les sensations physiques ou « l’état d’éveil ». Certaines personnes seront dépassées par l’abondance de signaux sensoriels – auditifs, visuels ou tactiles – ou par la proximité des autres alors que d’autres n’en souffriront pas. 
L’autorégulation émotionnelle est la capacité d’attirer l’attention et de modifier les réactions émotionnelles, des sentiments ou des humeurs intenses en fonction de la situation. Elle permet de contrôler nos pensées, de bien analyser ce que l’on ressent et de s’ajuster en conséquence.
L’autorégulation cognitive signifie que la personne est capable de prêter attention et de modifier son comportement en fonction de son processus de mémorisation et de sa rétention d’information. La personne s’autorégule quand elle est capable de se concentrer et de rester concentrée, puis de porter son attention sur les choix à faire, d’ordonner ses pensées et d’ignorer les distractions par exemple.
L’autorégulation sociale est la capacité de reconnaître, de comprendre et d’évaluer certains indices sociaux et de traiter ceux-ci afin de prendre part aux interactions sociales positivement. Elle réagit en fonction des situations sociales avec les autres et utilise les autres positivement pour s’autoréguler (ex: demander de l’aide ou du soutien).
SOURCE : HTTPS://WWW.ONTARIO.CA/FR/DOCUMENT/PROGRAMME-DE-LA-MATERNELLE-ET-DU-JARDIN-DENFANTS-2016/REFLEXION-SUR-LAUTOREGULATION-ET-LE-BIEN-ETRE

Qu’est-ce que l’introspection ?

L’introspection désigne l’activité mentale qu’on peut décrire comme l’acte de « regarder à l’intérieur de soi » par une forme d’attention portée à ses propres sensations, ses comportements ou ses états émotifs et cognitifs (ex: attentif et disponible VS fatigué et non-concentré).

Comment utiliser le thermomètre de la disponibilité ?

Premièrement, il est important de nommer que cet outil est inspiré du principe de la prévention-active, moyen utilisé pour la gestion des comportements problématiques. Cela dit, pour un enfant ou un adolescent qui apprend à se gérer, le thermomètre répond plus adéquatement à l’intervention ciblée car il est plus simple et imagé.
Cet outil peut être utilisé pour les jeunes anxieux, les jeunes TDAH qui vivent des périodes d’impulsivité et/ou d’hyperactivité, des jeunes qui vivent des crises de colères ou pour un enfant TSA qui vit des surcharges par exemple. Bref, le thermomètre peut être utilisé dès qu’un jeune vit des périodes d’indisponibilité de toutes sortes. Il est important de le personnaliser selon le vécu réel du jeune pour que celui-ci apprenne à identifier facilement ce qu’il vit.

Les règles d’utilisation

  1. Si le jeune est assez mature et se connait déjà plutôt bien, remplir le thermomètre avec lui ou elle. C’est surprenant de voir parfois à quel point ils se connaissent bien. Sinon, j’aime bien le faire avec le parent et/ou les intervenants scolaires pour avoir un portrait global du jeune dans tous ses milieux. Faire deux thermomètres (maison-école) peut être utile si les comportements et les moyens sont suffisamment différents d’un milieu à l’autre.
  2. Écrire les phrases le plus possible à la positive (ex : Je n’écoute plus VS Il est difficile pour moi d’écouter).
  3. Écrire les phrases au « Je » pour qu’elles parlent au jeune.
  4. Le thermomètre est un outil de PRÉVENTION. Il doit donc être utilisé avant que ça dégénère. Il est important d’apprendre au jeune à utiliser ses moyens ou de l’aider à le faire avant que les comportements empirent. Si le jeune fait une demande de pause par exemple, et qu’effectivement nous observons qu’il est peu disponible et qu’il est agité, il est important de répondre à son besoin de pause rapidement selon ce qui est possible de faire dans la situation. Sinon l’apprentissage reste vain et inutile.
  5. Il est important que tous les adultes qui interviennent avec le jeune utilise les mêmes stratégies ou les adaptent selon les possibilités du milieu fréquenté (ex : la chambre pour la maison et le coin calme dans le local de la TES scolaire par exemple).
  6. À gauche nous inscrivons les « INDICES de non-disponibilité » et à droite, les moyens qui aident à nous ramener disponible. Tous les moyens sont bons s’ils aident à faire un retour au calme bénéfique et s’ils sont appropriés dans le milieu où cela se vit.

La ZONE VERTE

La zone verte est la zone de disponibilité. Quels indices et comportements nous observons lorsque le jeune est bien, concentré et fonctionnel. Quels moyens aident ce jeune à rester disponible et positif. Lui faire des reflet positifs lorsque nous l’observons dans cette zone l’aideront à en prendre conscience.

La ZONE JAUNE

La zone jaune est la zone où la disponibilité est moins grande mais où le jeune peut encore coopérer et fonctionner avec quelques adaptations (ex : mettre des coquilles, couper certains stimuli, pouvoir travailler debout, diminuer quelques exigences en raccourcissant le travail par exemple…). Les moyens aidants pour aider à gérer la période jaune et aider à retourner dans le vert y sont inscrit à la droite. On propose alors au jeune de les utiliser avec une approche positive (ex : « C’est difficile pour toi de te concentrer. Je suis certaine que ça t’aiderait de mettre tes coquilles ».)

La ZONE ORANGE

La zone orange est la zone où le jeune n’est plus capable de fonctionner. Où il a besoin qu’on l’aide à le faire. Ici, seule la pause préventive est efficace peu importe les raisons qui ont amené l’enfant à être indisponible. Notez que ce n’est en aucun cas une punition et l’enfant doit sentir que l’aide fournit est positive et empathique. Toute exigence doit être cessée. La seule qui reste est le retour au calme. (ex : Je te sens très agité mon coco. Tu parles sans cesse et tu n’es plus capable de rester assis. Prends une pause pour te calmer. Va au local de la TES pour prendre un temps dans le coin calme, ça va vraiment t’aider ».) Parfois surtout au début de l’utilisation du thermomètre, le jeune a besoin qu’on l’oblige à le faire. Car il n’a pas encore appris à utiliser ses moyens et à se décoder lui-même. Nommer vos observations pour qu’il apprenne à reconnaître les signes.   
Il est important de présenter le thermomètre au jeune avant de mettre les moyens en place. S’il a participé à son élaboration, il aidera à trouver lui aussi des moyens aidants. Il faut que le jeune soit déjà conscient de la mise en place de ce moyen d’intervention. Aussi, entre enseignants et TES par exemple, il est important que tout le monde connaisse l’outil et l’utilise comme il a été monté. Si un des enseignants refuse la pause préventive par exemple, l’outil devient moins pertinent et le jeune ne sait plus à qui il peut en demander.

La ZONE ROUGE

La zone rouge est la ZONE TROP TARD !!! La zone où pour toutes sortes de raisons, le jeune n’a pas été capable de prendre ses moyens. Peu importe les comportements, on se retrouve en situation de crise et de non-fonctionnement. La seule intervention efficace est le retour au calme, volontaire ou non. C’est-à-dire que le jeune de lui-même peut aller prendre sa pause de retour au calme ou parfois, c’est l’adulte qui l’oblige. Souvent parce que l’enfant est encore jeune pour voir ses signes de hausse en niveau ou parce que l’émotion par exemple, est arrivée trop rapidement pour pourvoir la gérer (ex : conflit entre lui et un autre élève).
Plus aucune exigence sauf le retour au calme est demandée. Si le jeune n’est pas agressif ou dangereux, on le laisse se calmer dans un endroit approprié et on le laisse faire ce qu’il a besoin pour se recentrer. Par exemple, certains feront des aller-retours dans la pièce en verbalisant leurs frustrations ou d’autres feront des bruits de bouche et voudront sauter sur un trampoline par exemple. Il est important de cesser de leur parler et de les laisser ventiler. Une fois revenu dans la zone jaune, normalement ils acceptent l’aide offerte. Alors nous tombons dans la régulation mutuelle (lorsque l’autre nous aide à le faire).

Voici un thermomètre à utiliser avec des exemples d’indices et de moyens à mettre en place

Vous trouverez cette version et la version vierge du thermomètre sur la page Facebook du centre Hapax. Notez toutefois que le visuel proposé ici n’est qu’un exemple de thermomètre. Amusez-vous dans sa création et rendez-le au goût du jeune.




À garder en tête

Il est important que le jeune puisse vraiment faire un retour au calme. C’est-à-dire prendre le temps qu’il faut pour pouvoir revenir complètement dans la zone verte. Mieux vaut un 20 minutes de retour au calme, qu’un après-midi d’enfer.
Les pauses-préventives permettent d’éviter une trop grande désorganisation. Si de petites pauses positives et agréables sont données au fur et à mesure dans la journée pour lui enseigner à reconnaître ses hausses de niveau, particulièrement lors de moments souvent difficiles (ex : au retour de l’éducation physique ou au retour de l’école pour la maison), cela évitera souvent des hausses de niveau trop grandes (orange et rouge) que nous aurons à récupérer par la suite. Aussi, les pauses préventives permettent de faire l’apprentissage ultime, soit de reconnaître notre niveau de disponibilité et de prendre les moyens pour bien le gérer.
Il est très important de garder en tête que le but ultime du thermomètre est d’apprendre à redevenir calme et disponible. Jamais utiliser cet outil pour punir! Il vise l’apprentissage de l’introspection et le retour au calme uniquement. Si vous devez punir, choisissez un autre moyen que le thermomètre. Au contraire, il faut féliciter le jeune d’avoir pris ses moyens pour redevenir calme et lui nommer qu’il a réussit. Que nous sommes fiers de lui ou d’elle. Car apprendre à se gérer est un grand progrès et un apprentissage important dans la vie.
Il faut comprendre que la plupart du temps, le jeune devient indisponible pour des raisons qu’il ne contrôle pas. Par exemple un manque d’attention et une période d’impulsivité TDAH. Une surcharge sensorielle accompagnée d’incompréhensions multiples du TSA. Une hausse d’anxiété importante d’un jeune asperger en situation sociale. Bref devenir « indisponible » n’est pas quelque chose de plaisant et personne ne cherche à être dans cet état.
Le plus bel apprentissage qu’on peut leur donner est d’apprendre à gérer leur monde intérieur de façon constructive. Punir ce qu’ils ne sont pas encore capable de gérer ou d’être toujours en situation de crise ne fait qu’accentuer les difficultés. Cela brise aussi le lien de confiance entre l’enfant et l’adulte et apporte des moments désagréables pour les deux. La prévention est la clé. La prévention par l’enseignement de l’autorégulation est un cadeau pour la vie! Et comme toute intervention dans les moments difficiles, l’empathie, la cohérence et la douceur sont nos meilleurs alliées.